La recherche sur les maladies rares peut fournir des réponses aux familles
La Dre Kym Boycott a découvert son premier gène responsable d’une maladie alors qu’elle travaillait sur sa thèse de doctorat à l’Université de Calgary au milieu des années 1990.
En utilisant une technique appelée « clonage positionnel », la Dre Boycott a trouvé le gène responsable de la cécité nocturne congénitale stationnaire liée au chromosome X, une maladie rétinienne qui affecte la vision. Cette rétinopathie compte parmi les 7 000 maladies génétiques rares connues qui touchent plus de 3 millions de personnes au Canada, sans compter leurs proches, indirectement touchés aussi.
La Dre Boycott travaille actuellement comme clinicienne-chercheuse au CHEO, un centre de recherche et de santé pédiatrique à Ottawa, où elle — et le Canada — s’est fait un nom comme chef de file mondiale dans le domaine des maladies rares. Elle a découvert des gènes à l’origine de maladies rares, élucidé les mécanismes biologiques de nombreuses maladies et mis en place des plateformes nationales et internationales pour favoriser la collaboration et la mise en commun des données, et ce, tout en prodiguant les meilleurs soins possibles à ses patients et à leurs proches.
L’un des grands projets qu’elle a dirigés est Care4Rare (en anglais seulement), un consortium pancanadien formé de 21 sites universitaires et hospitaliers. Lancé en 2011 grâce au financement des IRSC et de Génome Canada, ce consortium encourage une collaboration remarquablement forte entre des médecins-généticiens, des conseillers en génétique, des scientifiques, des bioinformaticiens et, surtout, des patients et leurs familles.
En travaillant avec 5 000 familles touchées par environ 2 000 maladies rares différentes, la Dre Boycott et l’équipe de Care4Rare ont donné le ton à la recherche mondiale sur les maladies rares. Jusqu’à présent, l’équipe a posé des diagnostics ou identifié des gènes candidats convaincants pour 51 % des familles participantes et découvert 193 nouveaux gènes ou mécanismes génétiques de maladies, dont plus de 50 découvertes issues du laboratoire de la Dre Boycott.
« Le moteur de mon travail, c’est de trouver des réponses pour les familles, explique la Dre Boycott. Dans de nombreux cas, les familles cherchent un diagnostic depuis des années, voire des décennies. »
Alors qu’au départ, l’équipe de Care4Rare avait pour mission d’améliorer le diagnostic des maladies rares, elle est aussi parvenue à proposer et à tester avec succès des approches thérapeutiques pour plusieurs maladies rares.
En 2007, la Dre Boycott a notamment identifié une nouvelle forme d’ataxie (perte du contrôle musculaire) parmi un groupe de patients canadiens-français. Il aura fallu plus de 15 ans pour en déterminer la cause génétique, car la technologie nécessaire, soit le séquençage génomique à lecture longue, n’a été mise au point qu’au cours des dernières années. La Dre Boycott envisage actuellement de mener un essai clinique pour déterminer si la 4-aminopyridine, un médicament utilisé pour traiter certains troubles neurologiques, pourrait aider à soulager les symptômes de cette maladie, qui affecte les mouvements oculaires, l’équilibre et la coordination.
Dans un autre cas, en 2015, la Dre Boycott a mis en évidence le gène responsable d’un trouble métabolique grave généralement retrouvé chez les huttérites — un groupe religieux vivant en colonies en Amérique du Nord —, mais que l’on retrouve désormais aussi chez les enfants du monde entier. La maladie est à l’origine d’un faible taux de manganèse dans le corps, ce qui endommage plusieurs systèmes organiques et altère le développement neurologique. Grâce à cette découverte, la supplémentation en manganèse est maintenant utilisée comme traitement, et son utilisation précoce chez les enfants permet de prévenir les dommages neurologiques et d’améliorer les résultats cliniques à long terme.
« Ce qui m’anime le plus dans mon travail, c’est de prendre soin des patients atteints de maladies rares et de pouvoir les aider en comblant le fossé entre la recherche et les soins cliniques », confie la Dre Boycott.
En bref
L’enjeu
Les maladies rares ne sont pas si rares. Il existe plus de 7 000 maladies génétiques rares touchant plus de 3 millions de personnes au Canada, sans compter leurs proches, indirectement touchés aussi.
La recherche
La Dre Kym Boycott pratique au CHEO et dirige Care4Rare, un consortium national visant à améliorer le diagnostic des maladies rares au Canada. Depuis 2011, l’équipe de Care4Rare est à l’avant-garde des technologies génomiques et d’autres outils pour diagnostiquer des maladies rares, explorer de nouveaux gènes de maladies… et fournir des réponses aux familles.
- Date de modification :