Concevoir des mesures de protection de la santé pour tous en cette période de turbulence climatique

Des titulaires d’une bourse d’impact sur le système de santé répondent au besoin urgent de mettre en place des mesures pour lutter contre les épisodes de canicule

En bref

L'enjeu

On prévoit que les changements climatiques entraîneront des épisodes de canicule plus fréquents et plus intenses. Ces températures élevées peuvent causer des maladies liées à la chaleur et aggraver les conditions existantes. Il est essentiel d’améliorer les systèmes d’avertissement et d’intervention en cas de chaleur (SAIC) au Canada et de prendre des précautions supplémentaires pour protéger les populations les plus vulnérables de nos collectivités.

La recherche

Grâce au financement des IRSC, les chercheurs travaillent à améliorer les systèmes d’avertissement et d’intervention en cas de chaleur et à protéger les populations vulnérables. Grâce à leurs recherches, Nicholas Goulet, Jérémie Boudreault et Caroline Li-Maloney amélioreront notre capacité à prévoir les épisodes de chaleur extrême, à nous y préparer et à y réagir.

Les retombées

Les résultats permettront d’améliorer les mesures d’atténuation de la chaleur et de formuler des recommandations pour les messages relatifs aux épisodes de chaleur en améliorant les lignes directrices et en présentant l’information au public.

Au cours de l’été 2021, les provinces canadiennes ont enregistré plus de 100 records de chaleur, dont le record canadien de 49,6 C établi à Lytton, en Colombie-Britannique. Le dôme de chaleur a causé des feux de forêt, et 619 personnes ont perdu la vie uniquement dans cette province. Les prévisions indiquent que les changements climatiques amplifieront la gravité des épisodes de canicule en plus d’en allonger la durée. Les températures extrêmes peuvent causer des maladies liées à la chaleur, dont l’épuisement et le coup de chaleur, et peuvent aggraver les problèmes cardiovasculaires et respiratoires existants.

Que peut-on faire pour se préparer à ces changements? En 2011, Santé Canada a mis au point les systèmes d’avertissement et d’intervention en cas de chaleur (SAIC) afin de prévenir la mortalité causée par la chaleur au Canada. Par l’entremise des SAIC, des décideurs, des spécialistes des politiques ainsi que des chercheurs collaborent afin de surveiller les données sur la santé et d’émettre des avertissements et des recommandations en cas de chaleur, et de mettre en place des services de transport et des services communautaires comme des lieux d’accueil climatisé. Le SAIC constituent actuellement l’une des mesures les plus répandues au pays pour la population canadienne contre les effets néfastes de la chaleur sur la santé.

Avec l’appui des bourses d’impact sur le système de santé des IRSC, trois chercheurs œuvrent au sein d’organismes du système de santé pour améliorer le SAIC et d’autres mesures de protection de la santé, protéger la santé des personnes les plus vulnérables aux épisodes de chaleur extrême et exploiter l’intelligence artificielle afin d’étudier les impacts des phénomènes météorologiques extrêmes sur la santé et d’orienter les mesures de santé publique.

Amélioration des systèmes

Nicholas Goulet

Des améliorations doivent être apportées aux SAIC notamment pour permettre de comprendre comment les différents niveaux de tolérance à la chaleur affectent les personnes vulnérables comme les femmes et les personnes âgées. Le projet de Nicholas Goulet, candidat au doctorat en physiologie humaine et environnementale à l’Université d’Ottawa et titulaire d’une bourse d’impact sur le système de santé des IRSC en 2023, s’inscrit dans cette perspective. Travaillant au sein du Bureau des changements climatiques et de l’innovation de Santé Canada, M. Goulet cherche des façons d’améliorer le SAIC pour qu’ils puissent mieux protéger la population à l’avenir.

« J’ai été sensibilisé à l’importance des messages de santé publique pendant que je faisais des études sur les effets néfastes de la chaleur extrême sur la santé, et je me suis rendu compte que les connaissances que nous acquérions en laboratoire ne se traduisaient pas en applications concrètes pour améliorer la résilience à la chaleur », affirme M. Goulet.

La première étape de ses travaux consiste en l’examen de documents scientifiques évalués par des pairs, d’études, de critiques et d’articles récents afin de déterminer les raisons pour lesquelles les programmes ne sont pas évalués plus fréquemment.

Selon lui, le problème pourrait découler des défis liés au manque de ressources ou d’accessibilité aux données. Le problème pourrait également être attribuable au fait que « chaque régie régionale de la santé au Canada suit ses propres règles quant à la façon de recueillir, d’organiser et de partager les données ». En outre, des préoccupations relatives à la confidentialité des données pourraient constituer un obstacle aux évaluations des SAIC.

M. Goulet se concentrera sur les méthodes et les critères couramment utilisés pour évaluer les retombées des SAIC en comparant les taux de mortalité avant et après la mise en œuvre de ces systèmes. Il formulera des recommandations pour mettre à jour les lignes directrices en place sur les mesures et les pratiques d’atténuation pour lutter contre la chaleur pour le SAIC, et définira le travail à accomplir au cours des deux ou trois prochaines années.

Selon M. Goulet, « au bout du compte, un public bien préparé et informé pourra mieux s’adapter au réchauffement climatique et aux épisodes de chaleur extrême ».

Protéger les femmes enceintes contre la chaleur extrême

Caroline Li-Maloney

Caroline Li-Maloney, candidate au doctorat en physiologie à l’Université d’Ottawa, travaille dans la même unité que M. Goulet à Santé Canada. Grâce à la bourse d’impact sur le système de santé des IRSC de 2023, Mme Li-Maloney générera de nouvelles données pour protéger les femmes enceintes contre la chaleur extrême.

« En grande partie, l’attention est accordée aux populations comme les personnes âgées et celles atteintes de maladies chroniques, et de toute évidence, ces populations sont la priorité en ce qui concerne la protection », affirme Mme Li-Maloney. « On trouve peu d’études ou de données épidémiologiques à l’extérieur du Canada au sujet des femmes enceintes à la suite d’épisodes de canicule. »

Mme Li-Maloney se penchera sur les effets néfastes de la chaleur extrême sur les femmes enceintes et les fœtus. Ses travaux aideront à déterminer si les vagues de chaleur sont associées à une probabilité accrue de complications chez la mère et à des résultats cliniques médiocres chez les nouveau-nés. Ses analyses tiendront compte de l’âge, de l’origine ethnique et du statut socioéconomique de la mère. Mme Li-Maloney procédera à un examen des études existantes pour évaluer les données pertinentes sur les femmes enceintes au Canada afin d’informer les établissements publics et privés au pays des risques causés par l’exposition à la chaleur et de fournir de nouveaux outils de protection lorsque nécessaire. Elle prépare actuellement un document d’orientation formulant des recommandations pour les messages relatifs aux épisodes de chaleur. Le fruit de ses travaux, y compris une représentation des effets des épisodes de chaleur sur les femmes enceintes, sera également présenté au public au moyen de publications, de présentations et de brochures.

« Je crois qu’il s’agit de l’approche la plus complète pour analyser et diffuser les renseignements importants », précise Mme Li-Maloney.

Une approche axée sur les données pour établir un lien entre la chaleur et ses effets néfastes sur la santé

Jérémie Boudreault

Jérémie Boudreault est candidat au doctorat en science des données et en santé environnementale à l’Institut national de la recherche scientifique (INRS) à Québec. Il a été titulaire d’une bourse d’impact sur le système de santé des IRSC en 2022 à l’Institut national de santé publique du Québec (INSPQ). M. Boudreault met à profit plus de cinq années d’expérience en science des données pour tirer parti des méthodes les plus récentes et avancées d’analyse des effets de la chaleur sur la santé, soit l’intelligence artificielle (IA).

« Mon but est de fournir des données probantes et des outils utiles aux décideurs afin d’agir pour limiter les conséquences de cette crise sanitaire qu’est le changement climatique, » explique M. Boudreault.

Il a utilisé l’intelligence artificielle et a comparé les résultats avec des modèles statistiques, comme ceux utilisés pour élaborer le SAIC au Québec, créé par l’INRS en collaboration avec l’INSPQ, dans l’espoir d’améliorer les estimations des impacts de la chaleur et des processus de prévention et de surveillance. Il a évalué comment l’intelligence artificielle peut servir pour détecter les changements dans la mortalité et la morbidité causées par les épisodes de chaleur. « En comparant les performances de plusieurs approches (en anglais seulement), notre recherche a permis de vérifier si les outils de mesure des impacts de la chaleur sont encore adéquats, et quels sont les avantages et désavantages des différentes méthodes d’IA », poursuit-il.

Grâce à l’intelligence artificielle, M. Boudreault a extrait le maximum d’information à partir des données sur la santé et l’environnement, ce qui lui a permis de considérer d’autres variables susceptibles d’avoir une incidence sur la chaleur et ses effets néfastes sur la santé, comme l’humidité, le vent ou la pollution de l’air (en anglais seulement).

« Savoir que je mets à profit mon expertise en recherche et en science des données dans mon quotidien pour l’action climatique et l’amélioration de la santé publique est très gratifiant, » conclut M. Boudreault.

En raison des changements radicaux qui surviennent dans les conditions météorologiques, il est de plus en plus important de pouvoir prévoir avec précision les urgences sanitaires causées par la chaleur et améliorer la protection de la santé de la population. Ces trois experts en événements thermiques s’investissent pleinement pour améliorer les directives et les outils pertinents en s’appuyant sur l’intelligence artificielle et sur des données probantes tirées de la littérature scientifique. Leurs travaux concentrés sur les changements climatiques, les conditions météorologiques, la technologie et la santé contribuent à améliorer la résilience de la population, au Canada et à l’étranger.

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