La recherche par les jeunes, pour les jeunes au Canada

Habiliter les jeunes à établir leurs propres priorités en matière de soins de santé et à mettre au point des solutions stratégiques qui répondent à leurs besoins en santé mentale et physique

En bref

Enjeu

Au Canada, les jeunes se heurtent à des obstacles divers qui nuisent à leur santé et à leur bien-être : un soutien inadapté pour les jeunes aidants, la transition vers le système de soins pour adultes, l’incidence de l’aménagement urbain sur leur état mental, etc. Pour remédier à la situation, il devient prépondérant de cerner les manques à combler dans les soins de santé qui influent sur le bien-être mental et physique des jeunes. Les subventions Catalyseur Jeunes en santé s’inscrivent dans cette démarche et appuient des chercheurs qui réfléchissent à des solutions à la hauteur de l’enjeu.

Recherche

L’objectif du programme de subventions Catalyseur Jeunes en santé est de dégager et de développer de nouveaux axes de recherche qui concordent avec la politique jeunesse pour le Canada et de favoriser le réseautage, la collaboration et le renforcement des capacités de mobilisation des jeunes dans le domaine de la recherche en santé.

Les cinq projets appuyés dans la classe générale du programme portent sur des obstacles particuliers auxquels font face les jeunes dans le pays. Points importants :

  • Les chercheurs développent des outils qui aideront les jeunes aidants à s'orienter dans le système de santé et à le rendre plus convivial et moins stressant, améliorant par la même occasion leur bien-être mental et physique.
  • Les chercheurs mettent au banc d'essai une plateforme de soins à distance qui accompagnera les jeunes en situation de handicap dans leur transition vers le système de soins pour adultes.
  • Les chercheurs mettent en relation des jeunes avec des urbanistes et des aménageurs afin de leur permettre de contribuer à l'élaboration de stratégies de développement et d'aménagement bénéfiques pour leur santé et leur qualité de vie.
  • Les chercheurs s'appuient sur l'expertise des jeunes afin de définir les questions de recherche à privilégier pour protéger leur santé et leur bien-être et apporter des réponses à la crise en santé mentale qui sévit chez cette génération au Canada.
  • Les jeunes cochercheurs aspirent également à trouver des solutions à cette crise et se réunissent avec des parties prenantes pour s'assurer que leurs recommandations et leurs priorités de recherche en matière de santé mentale et de bien-être ont le potentiel de se traduire par des actions concrètes.

Impact

Les projets de recherche appuyés par le programme de subventions Catalyseur Jeunes en santé apportent une réponse collective aux obstacles qu’affrontent les jeunes au Canada dans le domaine de la santé. Les études menées impliquent les jeunes à titre de participants et de cochercheurs et mettent ainsi en lumière leurs points de vue et leurs expériences. Les résultats des travaux viseront à impulser une dynamique positive dans les services de soins, les politiques d’aménagement urbain et les interventions en santé mentale. L’approche suivie par les équipes de recherche, axée sur les jeunes et sur la collaboration, pourrait constituer un modèle de promotion du bien-être des jeunes dans le monde.

Le premier cycle du concours de subventions Catalyseur Jeunes en santé a été lancé à l'automne 2022 par l'Institut du développement et de la santé des enfants et des adolescents (IDSEA), en partenariat avec l'Institut de la santé des femmes et des hommes (ISFH), l'Institut de la santé des Autochtones (ISA) et l'Institut de l'appareil locomoteur et de l'arthrite (IALA) des IRSC, ainsi que la Direction générale de la santé des Premières Nations et des Inuits (DGSPNI) de Services aux Autochtones Canada (SAC). Douze subventions ont été accordées dans les vastes domaines de la santé des jeunes, des Autochtones et des membres de la communauté 2LGBTQI+, de la santé physique ainsi que de la santé sexuelle et génésique des adolescents et des adolescentes. Voici un résumé des cinq projets de recherche relevant de la classe de financement générale.

De gauche à droite : Karen Okrainec, Susan Bookey-Bassett, Kristine Newman, Shoshana Hahn-Goldberg, Jill Cameron, Isabelle Caven

Au Canada, 1,9 million d'adolescents et de jeunes adultes s'occupent, d'une façon ou d'une autre, d'un membre de leur famille ou d'un ami qui a un problème de santé ou qui vit avec un handicap. La Dre Karen Okrainec et son équipe de chercheurs collaborent avec ces jeunes proches aidants pour mettre au point des outils qui les aideront à s'orienter dans le système de santé. « Bon nombre de jeunes proches aidants manquent de soutien, parce que les fournisseurs de soins auxquels ils font appel ne sont souvent pas au courant du rôle qu'ont endossé ces jeunes et ne savent pas de quel soutien ils ont besoin », explique la Dre Okrainec, médecin interniste généraliste au Réseau universitaire de santé et scientifique affiliée à l'ICES, à OpenLab et à l'Institut des politiques, de la gestion et de l'évaluation de la santé de l'Université de Toronto. « Ces jeunes risquent ainsi d'éprouver des difficultés sur les plans social et scolaire et de se retrouver avec des problèmes de santé mentale et physique qui nuiront à leur bien-être et à leurs perspectives d'études et d'emploi. » Pour remédier à la situation, la Dre Okrainec et son équipe mèneront un sondage à l'échelle nationale afin de se renseigner sur la façon dont les fournisseurs de soins de santé s'y prennent pour identifier les jeunes assumant le rôle de proche aidant, leur offrir le soutien dont ils ont besoin et les aider à jouir d'une bonne santé mentale et physique.

Dre Sarah Munce

De son côté, une équipe de chercheurs de Toronto est à mettre à l'essai une nouvelle plateforme de soins virtuels destinée aux jeunes personnes qui vivent avec un handicap et qui font la transition vers le système de soins de santé pour adultes, nommée « connect: Compassionate Online Navigation to Enhance Care Transitions » [Soutien en ligne pour faciliter les transitions dans les soins]. L'objectif de la plateforme est d'améliorer les connaissances et les compétences des jeunes patients pour les aider à mieux gérer leurs besoins en soins de santé. Dans cette optique, chaque patient sera jumelé à un pair qualifié qui l'aidera à solidifier ses connaissances et à mieux véhiculer ses besoins, et lui fournira un soutien affectif et social, dans le but de renforcer sa confiance en soi. De plus, le programme prévoit la création d'une bibliothèque de ressources à jour et des possibilités pour les parents des patients de participer au processus de transition. Ce projet de recherche prend appui sur la nécessité d'offrir aux jeunes un processus de transition durable, étant donné que les jeunes qui vivent une transition harmonieuse vers le système de soins de santé pour adultes sont plus susceptibles d'être en bonne santé à long terme et de contribuer à leur collectivité. « Le programme connect est fondé sur des données probantes et tient compte des besoins des jeunes et des familles », affirme la Dre Sarah Munce, chercheuse principale du projet, scientifique à l'Institut de recherche KITE et professeure adjointe au Département d'ergothérapie et de sciences de l'occupation de l'Université de Toronto. « Nous continuerons de travailler en étroite collaboration avec les jeunes et les membres de leur famille pour peaufiner, évaluer et mettre en œuvre la plateforme. »

Dre Leia Minaker

Dans un autre ordre d'idées, les travaux de recherche faisant appel aux jeunes pour étudier les répercussions sur la santé physique et mentale associées au fait de grandir dans une tour d'habitation se font rares, voire inexistants. La Dre Leia Minaker et son équipe de recherche travaillent à combler cette lacune. En interviewant des filles et des garçons de différentes origines ethniques de Toronto, de Waterloo et de London, en Ontario, au sujet de leurs idées d'aménagement urbain, l'équipe souhaite susciter une collaboration entre les jeunes et les urbanistes pour l'élaboration de solutions stratégiques qui favorisent le bien-être et l'équité pour les jeunes. « La façon dont nos villes sont conçues a d'énormes répercussions sur tous les aspects de notre santé : la qualité de l'air, les blessures chez les piétons et les cyclistes, l'accès à la nourriture et même les liens sociaux établis entre voisins. En règle générale, les adultes planifient les villes sans égard aux points de vue des jeunes et des enfants. Ainsi, on ne tient pas compte des personnes qui devront vivre avec les conséquences des décisions qu'on prend aujourd'hui dans 20, 30 et 40 ans », explique la Dre Minaker, professeure agrégée, directrice du programme Future Cities [Villes de l'avenir] et directrice du Survey Research Centre à l'Université de Waterloo. En faisant participer les jeunes à la prise de décisions liées à l'aménagement urbain, le projet fera en sorte que leurs points de vue, de même que leur santé et leur qualité de vie, soient pris en compte.

Dre Hasina Samji

De plus, sur la scène mondiale, le Canada fait piètre figure au chapitre du bien-être mental des jeunes de 15 à 24 ans. Des études révèlent d'ailleurs que la santé mentale de cette population s'est détériorée pendant la pandémie de COVID-19. Afin de déterminer les causes de ce déclin, la Dre Hasina Samji et son équipe recrutent des jeunes dans le cadre d'un projet de recherche qui mettra à profit les données du Youth Development Instrument [Instrument de mesure du développement des jeunes], ou YDI, un questionnaire d'autoévaluation utilisé pour mesurer le bien-être physique, mental et social des élèves de 11e année en Colombie-Britannique. Depuis la création du YDI en 2020, plus de 26 000 élèves de la province y ont répondu. « Ce projet permettra de dresser une liste des priorités de recherche sur la santé et le bien-être soulevées par les jeunes, que ceux-ci pourront eux-mêmes présenter à des organismes axés sur la jeunesse, comme des écoles, des organismes communautaires, des fournisseurs de soins de santé et des comités consultatifs de parents », explique la Dre Samji, épidémiologiste, professeure adjointe à l'Université Simon Fraser, scientifique principale au Centre de contrôle des maladies de la Colombie-Britannique et directrice du laboratoire CHART (Capturing Health and Resilience Trajectories) et du YDI. En faisant participer activement les jeunes à la recherche et en leur donnant la possibilité d'en présenter les résultats à des organismes voués à la jeunesse, ce projet de recherche aidera à façonner les politiques et les pratiques de santé en fonction des priorités de recherche définies par les jeunes.

Dre Roberta Woodgate

Enfin, la Dre Roberta Woodgate et son équipe essaient également de trouver des solutions à la crise en santé mentale qui sévit chez les jeunes Canadiens en les invitant à déterminer leurs priorités de recherche et à élaborer des politiques en matière de santé mentale. L'équipe de recherche recueillera, par l'intermédiaire de carrefours jeunesse, des données auprès des jeunes du Manitoba au moyen de groupes de discussion et d'un sondage. Les jeunes co-chercheurs se réuniront également avec d'importantes parties prenantes du domaine pour s'assurer que leurs priorités de recherche et recommandations stratégiques sur la santé mentale et le bien-être sont réalisables. « Ce cadre de recherche axé sur le patient des IRSC met particulièrement en valeur l'expérience concrète des jeunes et vise par le fait même à créer un avenir plus sain pour eux », explique la Dre Woodgate, professeure éminente au Collège des sciences infirmières de l'Université du Manitoba.

Dans l'ensemble, les projets de recherche financés par les subventions Catalyseur font foi d'un engagement à s'attaquer à des problèmes de santé qui touchent précisément les jeunes au Canada et s'inscrivent dans une démarche conçue en collaboration avec les jeunes. En faisant participer les jeunes à la recherche et en reconnaissant l'importance de leur point de vue, ces projets visent à assurer un avenir meilleur à cette tranche de la population canadienne et pourront servir de modèles pour la promotion du bien-être des jeunes partout dans le monde.

Ces travaux sont appuyés par l'initiative Jeunes en santé, dirigée par l'Institut du développement et de la santé des enfants et des adolescents (IDSEA).

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